dimanche 17 décembre 2017

Rencontre avec St Jean de la Croix


Un vingtaine de personnes se sont retrouvées au Carmel Saint-Joseph de Mechref pour une matinée de retraite, sur la même formule que nos rencontres du mois d’octobre avec nos deux saintes Thérèse : « Apprendre à prier dans la tradition du Carmel ». Ce dimanche, nous avons été enseignés et nous avons réfléchi et partagé sur le thème de « L'union de l'âme à Dieu » avec comme guide très sûr saint Jean de la Croix.

Après un temps d’oraison, pour préparer nos oreilles et nos cœur à l’écoute, c’est le P. Georges Abi Saad qui nous donné quelques repères pour notre vie spirituelle.
Il a dans un premier temps affirmé que le seul et unique grand désir de l'homme c'est Dieu. Si l’homme ne répond pas ou ne prend pas le chemin de cet absolu, s’il étouffe ce désir, alors il fera l’épreuve d’un vide existentiel dont notre monde contemporain souffre (dépression, absence de joie profonde, non sens, réduction de ma vocation). Les raisons de ce mal-être sont les déviations de ce désir. Il a ainsi listé les quatre principales déviation qui entrave notre chemin de l’union à Dieu.

1- La première déviation du désir est de croire qu’avec les sens sensibles nous pourrions arriver à cette plénitude... Or consommation et satisfaction immédiate n’apportent qu’insatisfaction existentielle.

2- La deuxième déviation est de confondre la connaissance profonde de Dieu et le fait d’avoir des informations sur Dieu. Nous sommes noyés par les informations, les connexions à outrance (la dictature du bruit), alors que la vérité essentielle, la vraie connaissance intime de Dieu, de la relation à Dieu ne peut être que le fruit de nos longues heures d’oraison et de notre fréquentation de sa Parole « écoutez-le seulement », dans le silence et un certain désert.


3- La troisième déviation est de rechercher les consolations ou le sensible, alors que le désir de Dieu, le désir d'être uni à Dieu est un chemin exigeant, un chemin sans consolation, et qui n’est pas immédiat (Cf. les étapes de la montée du Carmel). Les visions surnaturelles ou les grâces surnaturelles ne sont ni à demander, ni chercher, ni pour s'y attacher. Elles sont une entrave à un Dieu forcément au-delà, un Dieu plus grand.


4- La quatrième déviation est de s’attacher au créé. Toutes nos forces doivent être orientées vers Dieu, et Dieu seul : Dieu seul suffit. Pourquoi Dieu nous donne-t-il les créatures, les connaissances, les joies des sens et connaissances si nous devons nous en détacher ? Elles sont bonnes et don de Dieu, mais ne sont pas le but. Il faut-il leur dire « non ! », et apprendre à dire « non ! » à toutes ces déviations. Je ne peux jouir de la plénitude donnée par Dieu que dans l’amour reçu de Dieu. Et c’est seulement en me purifiant et en me détachant de tout que je vais venir à la vraie joie. Il nous faut aller directement au but, ce qui peut réellement nous combler c’est l’ascèse (contre les attachements) : un seul fil à la patte de l'oiseau l'empêche de voler.


En conclusion, le P. Georges nous a rappelé notre mission, notre appel à une existence épiphanique, comme la glace qui transmet la lumière, notre âme doit rayonner Dieu. La mission est un rayonnement d'une existence purifiée et guidée par l’amour de Dieu.
Il nous a rappelé deux notions sanjuaniste : la « nuit active » (les détachements sont notre travail sur nous), et la « nuit passive » (l’intervention de Dieu, son excès d'amour et de lumière qui fait souffrir, qui irrigue les sécheresses profondes, panse la blessure du péché, de notre égocentrisme). La dernière étape de notre union étant la divinisation, la transformation de l’âme en lui, comme la vitre reflète le rayon de soleil et devient lui-même soleil.

L’enseignement s’est prolongé par un temps en atelier (francophone et arabophone) où nous avons lu un des exemples extrait du deuxième Livre de la Montée du Carmel, Chapitre 5, Paragraphe 6 à 8 (2MC 5,6-8). « Prenons une comparaison pour jeter plus de jour sur cette vérité. Voici le rayon du soleil qui donne sur une vitre; or si la vitre a quelques taches ou quelques nuages, il ne peut l'éclairer ni la faire briller aussi complètement que si elle était purifiée de toutes taches et bien limpide ».

À midi, notre groupe s’est étoffé de quelques amis de la communauté pour célébrer l’eucharistie. Le rite maronite de ce dimanche avant Noël nous a fait méditer l’annonce à Joseph. Une occasion de parler du silence de Joseph, de son écoute, et de sa configuration à la volonté de Dieu.

Nous avons terminé notre rencontre par un temps de convivialité autour d’un buffet copieux. Mais, en goûtant à ces nourritures terrestres, nous entendions l’exhortation à l’ascèse. Nous avons donc mis, très vite, en pratique ce que nous avions entendu, qu’il ne s’agissait pas de goûter le plat pour lui seul, mais de goûter aussi à l’amour de ceux qui l’avait préparé et de ceux avec qui nous le partagions.


Si nous pensons, non plus au plat seul ni au plaisir de nos papilles, mais à ce qu'il est fait par la personne qu'on aime et qui nous aime… alors c’est un autre goût, une joie plus forte que la joie sensible du goût seul. C'est la goût de l'amour qui touche tout mon être, mon esprit. Ainsi mon goût est orienté.

vendredi 8 décembre 2017

Assemblée générale 2017 du Réseau Afrique-Europe Foi et Justice

Le Réseau Foi et Justice d’Afrique Europe (AEFJN), formé par quarante-huit congrégations religieuses qui travaillent pour la justice économique entre l'Afrique et l'Europe, a tenu son Assemblée générale annuelle (AGA ) le 10 novembre 2017. Ci-dessous un petit écho en image...














Envoyé par  Sœur Marie-Pierre ESSIMI NGUINA, CSJ Bruxelles

samedi 18 novembre 2017

« L’offrande de l’art ».


Une petite trentaine de personnes se sont retrouvées autour de Sœur Anne José pour un exposé sur le thème de « L’offrande de l’art ». Elle a voulu nous introduire au cheminement intérieur de l’expérience de tout vivant quand il accède au mystère de son existence, quand il se sent vivant, unifié, solidement ancré par les racines d'éternité dans le ici et maintenant de sa vie, et dans lesquels se révèle la profondeur des choses.


En quatre notes de peinture : 
  1. Une peinture qui nous donne de respirer en rythme avec le monde
  2. Un détail qui dit le monde entier
  3. Une peinture incarnée
  4. Un mystère d’unité
Sœur Anne José nous a ouvert les yeux du cœur pour percevoir les peintures comme des apparitions, des surgissements en voie de disparition ; des peintures qui laissent vibrer les couleurs et nous révèlent un monde sensible, vibrant, unifié, transformé ; un monde où la croix et les blessures sont assumés comme cicatrices de lumières. 









Nous avons découvert un art où les natures ne sont plus des natures mortes, mais des natures silencieuses, où les objets deviennent des choses vibrantes et vivantes.



Dans cette démarche, les peintres cités (Cézanne, Muqi, Velasquez, Chardin, Watteau, Braque, Morandi, Hollan, de Staël,  Tapiès, Burri, Bonnard, Vermeer et Giotto) sont en parfaite harmonie et empathie avec le monde qu’ils habitent et ce qu’ils peignent. Il y a une co-naissance, une co-création, une double genèse : la toile se révélant et révélant l’artiste à lui-même. 
Cézanne

Velasquez

Watteau 

Chardin 

Chardin 

Cézanne

Braque 

Morandi 

Hollan 

de Staël 

de Staël 

Burri 

Burri 

Tapiès 

Bonnard 

Bonnard 

Vermeer 

Vermeer 

Giotto 

Dans cet art de la réconciliation et de la lumière, le tableau final représente saint François d’Assise bénissant les oiseaux et toute la création, dans une parole et un chant de Vivant s’adressant à Dieu : « tu as bien dit la vie en me créant. » Tout devient bénédiction.




Par Sr Nathalie